L’effet de Halo | La première impression colore tout le reste

En tant que thérapeute, comprendre profondément son patient ou client va bien au-delà de la simple écoute de ses mots. Il s’agit d’entrer dans sa vie, de percevoir les nuances de son comportement et de ses émotions, souvent influencées par des processus inconscients que même lui ne soupçonne pas. C’est là que les biais cognitifs entrent en jeu : des filtres inconscients par lesquels chacun interprète la réalité, autant chez le patient-client que chez le thérapeute.

Sommaire
L’Effet de Halo : Au-delà de la première impression
Comment l’effet de Halo nous affecte dans le soin
La recherche
Les bienfaits de l’effet de Halo
Les limites et risques de l’effet de Halo
Nos conseils de praticiens à praticiens

L’Effet de Halo : Au-delà de la première impression

L’effet de Halo est un phénomène bien naturel et se manifeste sans que l’on s’en aperçoive. C’est un mécanisme automatique de notre cerveau et fait partie des biais cognitifs qui nous aide à simplifier la complexité de notre environnement.

L’effet de Halo, aussi appelé effet de contamination, intervient lorsqu’une première impression — positive ou négative — influence nos perceptions à propos d’une personne. C’est une interprétation et une perception sélective d’informations allant dans le sens de notre première impression.

Comment l’effet de Halo nous affecte dans le soin

Imaginons, par exemple, un thérapeute qui rencontre pour la première fois une nouvelle patiente, élégante et calme, qui s’exprime avec assurance. Sans s’en rendre compte, le thérapeute peut associer à cette première impression d’autres qualités, comme l’intelligence ou la stabilité émotionnelle, même si rien ne le prouve.

Pourtant, quelques séances plus tard, le thérapeute est étonné de voir cette personne, aux abords calme et intelligente, lutter avec des insécurités profondes et une grande anxiété. Le thérapeute réalise alors que son jugement initial avait limité sa perception globale de cette patiente. L’effet de Halo l’avait incité à interpréter les paroles de sa patiente-cliente en fonction de cette première impression, bloquant ainsi une compréhension plus nuancée de la réalité.

La recherche 

Cet effet a été mis en évidence par le psychologue Edward Thorndike au 20e siècle, qui a montré que nous avons tendance à associer inconsciemment des qualités positives à une personne que l’on perçoit favorablement au premier abord. 

Thorndike (1920) a mené une étude où il demandait à des supérieurs militaires d’évaluer leurs subordonnés sur différentes caractéristiques (comme l’intelligence, l’apparence physique, la capacité au commandement, etc.). Il a découvert que si une personne était perçue positivement sur une caractéristique, cette impression positive influençait également les autres évaluations, même si elles n’étaient pas directement liées. 

Les bienfaits de l’effet de Halo

Se saisir de ce biais peut nous permettre d’en retirer certains bienfaits : 

  1. Renforcement de la confiance :
    • Si une personne donne une première impression positive (par exemple, élégante, souriante, confiante), elle peut bénéficier d’une perception globalement favorable. Cela peut améliorer ses relations sociales ou professionnelles. 
    • Exemple : Un thérapeute bien présenté peut être perçu comme plus compétent, ce qui instaure plus facilement un lien de confiance avec ses clients.
  2. Gain d’opportunités :
    • Dans certains contextes (comme une entrevue d’embauche), une bonne première impression peut ouvrir des portes.
    • Exemple : Une personne charismatique et bien habillée pourrait être considérée comme plus qualifiée qu’elle ne l’est réellement.

Les limites et risques de l’effet de Halo

Ce biais s’accompagne de risques dont il faut avoir conscience : 

  1. Jugement biaisé des individus :
    • En se basant sur une première impression, on peut ignorer des aspects négatifs ou importants d’une personne.
    • Exemple : Si une personne semble sympathique, on peut sous-estimer ses défauts ou ignorer des signes de manque de compétence.
  1. Manque d’objectivité dans l’évaluation :
    • En surévaluant certaines qualités, on risque de ne pas évaluer correctement des performances ou des compétences.
    • Exemple : Un étudiant perçu comme studieux à cause de son comportement peut obtenir des évaluations plus favorables, même si son travail est moyen.
  1. Risque d’erreur :
    • Une première impression positive peut masquer des signaux d’alerte.
    • Exemple : Une personne élégante et éloquente peut être perçue comme honnête alors qu’elle pourrait dissimuler un grand mal-être que l’on pourrait ne pas détecter.

Nos conseils de praticiens à praticiens

Que ce soit en thérapie ou dans la vie quotidienne, être conscient de ce biais peut nous aider à percevoir l’autre avec un esprit plus ouvert, sans anticiper ce que nous aimerions qu’il soit. 

Face aux biais cognitifs de l’effet de Halo, il est important de prendre des mesures pour atténuer son impact et assurer des interactions plus justes et équilibrées. Voici quelques conseils :

  1. Utiliser des critères objectifs : Lors de l’évaluation, appuyez-vous sur des critères et des observations concrètes plutôt que sur des impressions ou des jugements subjectifs.
  2. Diversifier vos sources de retours : Sollicitez les avis et les perspectives de vos collègues, confrères ou consoeurs, ou encore de votre équipe pour contrebalancer vos propres perceptions. 
  3. Appliquer l’écoute active : En écoutant sans jugement et en reformulant les propos du patient-client, vous évitez de projeter des attentes ou des impressions initiales.

A retenir : 

  • Effet de Halo : Lorsque notre première impression colore l’ensemble de notre perception
  • Ce biais cognitif est un effet de contamination : Une caractéristique jugée positive à propos d’une personne a tendance à rendre plus positives les autres caractéristiques de cette personne, même sans les connaître “si cette personne est belle, elle est forcément compétente ou intelligente.”
  • Nous risquons de passer à côté de certaines dimensions de la personne, en interprétant ses comportements à travers ce filtre initial.

Source : 

Thorndike, E. L. (1920). A constant error on psychological ratings. Journal of Applied Psychology, 4, 25-29.

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