Les biais cognitifs|une clé pour mieux comprendre nos patients-clients

En thérapie manuelle, l’écoute et l’observation sont des piliers fondamentaux pour établir une relation de confiance avec nos patients-clients et les accompagner au mieux. Mais saviez-vous que, tout comme eux, nous sommes influencés par des biais cognitifs ? Ces mécanismes, souvent inconscients, peuvent altérer notre perception, notre jugement et la qualité de nos décisions. Ils impactent la manière dont nous interprétons les informations ou interagissons. Pour les professionnels de la thérapie manuelle, comprendre ces biais et leur fonctionnement est une étape essentielle pour affiner leur pratique et éviter les pièges de la subjectivité.

Sommaire
Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?
Les catégories de biais cognitifs
Exemple concret|le biais de confirmation d’hypothèse
Comment réduire l’impact des biais cognitifs en thérapie manuelle ?
Les biais cognitifs : un levier pour une meilleure pratique

Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?

Un biais cognitif désigne une déviation systématique dans notre manière de traiter les informations, nous éloignant d’une pensée logique ou rationnelle. Ces biais, souvent inconscients, influencent nos perceptions, nos jugements et nos décisions. Ces biais résultent de plusieurs facteurs : nos limitations cognitives, des influences sociales ou encore d’automatismes ancrés dans notre évolution. 

Notre cerveau privilégie souvent des réponses rapides et approximatives, car elles demandent moins d’effort mental que des analyses approfondies, plus longues et énergivores. Si ces raccourcis mentaux s’avèrent utiles dans certaines situations nécessitant des décisions rapides, ils peuvent nous induire en erreur dans des contextes plus complexes, comme lors de la prise en charge d’un patient-client en thérapie manuelle.

Les catégories de biais cognitifs

Les biais cognitifs se classent en plusieurs catégories, selon les domaines qu’ils impactent. Voici les principales :

  1. Biais de mémoire : concernent les distorsions dans la manière dont nous nous souvenons des informations. 

Exemple : L’effet de récence où les dernières informations sont mieux retenues (mieux se souvenir du discours du dernier patient-client de la journée).

  1. Biais de jugement : liés à nos évaluations et peuvent mener à des jugements incorrects.

 Exemple : Le biais de contraste, où la perception d’une sensation est influencée par la comparaison avec une sensation précédente (un massage doux peut sembler plus léger après une pression intense).

  1. Biais logiques : touchent nos raisonnements et conclusions. 

Exemple : Le biais de confirmation, où nous retenons uniquement les informations qui confirment nos hypothèses initiales (se centrer sur toutes les paroles négatives d’un patient-client que l’on pense souffrir de dépression).

  1. Biais liés à la personnalité : liés à nos traits de caractère ou à nos croyances.

Exemple : Le biais d’optimisme, où les risques sont jugés moins probables de nous arriver plutôt qu’à d’autres (sous-estimer la douleur ou la persistance d’un problème chronique chez un patient-client).

Exemple concret|le biais de confirmation d’hypothèse

Imaginons qu’un patient-client se présente avec des douleurs chroniques au dos, et que le thérapeute associe immédiatement ces douleurs à une mauvaise posture observée lors de la consultation. Convaincu par cette hypothèse, le thérapeute focalise son attention sur les éléments qui confirment cette idée (comme une légère asymétrie dans la posture) et néglige les indices qui pourraient suggérer une autre cause, comme un stress psychologique ou un problème viscéral.

Ce biais de confirmation peut amener à des conclusions hâtives et à des interventions moins pertinentes pour le patient-client. Pour contrer ce piège, il est crucial d’adopter une approche systématique : poser des questions ouvertes, chercher activement des éléments qui infirment notre hypothèse initiale, et réévaluer régulièrement le diagnostic en fonction de nouvelles informations.

Comment réduire l’impact des biais cognitifs en thérapie manuelle ?

Voici quelques stratégies pour limiter l’influence des biais cognitifs dans votre pratique :

  1. Prendre du recul : Notez vos premières impressions et vérifiez leur validité à la lumière des faits recueillis tout au long de la séance.
  2. Poser des questions variées : Posez des questions qui explorent plusieurs pistes. Par exemple, demander « Qu’est-ce qui aggrave vos douleurs ? » mais aussi « Qu’est-ce qui les soulage ? ».
  3. Échanger avec des pairs : Partager vos observations avec d’autres professionnels pour bénéficier de points de vue différents.
  4. Se former en continu : Comprendre les mécanismes des biais cognitifs pour les repérer plus facilement, tant chez vous que chez vos patients-clients.

Les biais cognitifs : un levier pour une meilleure pratique

En thérapie manuelle, la prise de conscience des biais cognitifs permet d’améliorer non seulement notre pratique, mais aussi notre relation avec nos patients-clients. En comprenant que notre cerveau, tout comme le leur, est parfois piégé par des raccourcis mentaux, nous pouvons développer une approche plus nuancée et ouverte. Cela renforce la qualité des soins que nous offrons, en les rendant plus personnalisés, objectifs et efficaces.

En prenant le temps d’explorer et de déconstruire nos propres biais, nous devenons non seulement de meilleurs thérapeutes, mais aussi des guides plus empathiques dans le parcours de guérison de nos patients-clients.


A retenir : 

  • Les biais cognitifs peuvent altérer notre perception et nos jugements dans notre vie de tous les jours, et jusque dans notre cabinet de thérapie manuelle.
  • Ils résultent de limites cognitives et d’automatismes évolutifs pour traiter l’information reçue plus rapidement.
  • Prendre conscience de leur existence nous permet de prendre du recul et de reconnaître l’importance de l’échange avec des pairs, de se baser sur des outils objectifs, et de réévaluer nos hypothèses de départ.

Sources : 

  • Berthet, V. et Autissier, D. (2021) . Introduction. L’importance des biais cognitifs au quotidien. Stop aux erreurs de décision ! Connaître et manager les biais cognitifs avec le Cognitive Bias Inventory (CBI) ( p. 6 -10 ). EMS Éditions. https://shs.cairn.info/stop-aux-erreurs-de-decision–9782376874355-page-6?lang=fr.
  • Burnett, D. (2017). Le cerveau, cet imbécile. Terra Nova.
  • Postel-Vinay, O. (2023). Peut-on se prémunir contre nos biais cognitifs ? Books – L’actualité À La Lumière Des Livres, 8.

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