Lorsqu’une personne se fait masser, son corps vit une expérience complexe qui commence à la surface de sa peau et se poursuit jusqu’au cerveau. Découvrons ensemble comment une simple pression sur la peau peut être perçue et analysée par notre système nerveux pour finalement déclencher des effets bénéfiques sur le corps et l’esprit.
La peau, notre interface sensorielle
Au contact d’un massage, la peau agit comme une porte d’entrée. Elle possède une multitude de capteurs qui enregistrent les informations du toucher. Ces capteurs sont associés à trois types de nerfs sensitifs, chacun ayant un rôle spécifique :
- Les nerfs Aβ : Ce sont des fibres nerveuses rapides qui transmettent des informations sur la texture et la localisation de ce qui est touché, par exemple si une surface est douce ou rugueuse, ou encore où le contact a lieu.
- Les nerfs Aδ : Ils véhiculent aussi l’information rapidement mais sont spécialisés dans la perception de la douleur. Par exemple, si le massage appuie un peu trop fort, ces nerfs envoient un signal d’inconfort.
- Les nerfs C : Ils sont plus lents mais bien plus nombreux que les autres, et leur rôle est particulier. Ils transmettent des informations sur la douleur, mais aussi sur la qualité agréable ou désagréable du toucher. Ils sont particulièrement sensibles aux gestes de vitesse et de pression moyenne. Les fibres appelées CT (ou “C Tactile”) sont, en particulier, associées à cette sensation agréable.
Le parcours de l’information jusqu’au cerveau
Une fois captées, ces informations sensorielles remontent par les nerfs jusqu’à la moelle épinière, puis au cerveau en suivant deux circuits différents via des noyaux du thalamus, une structure relais entre les informations extérieur et leur traitement cérébral :
- D’un côté, les informations physiques du toucher (sa localisation et son intensité) sont envoyées au cortex somatosensoriel. C’est une région du cerveau qui reçoit et organise les informations sensorielles, et qui cartographie les différentes parties du corps.
- De l’autre côté, les aspects affectifs de ce toucher (le ressenti émotionnel agréable ou désagréable) sont envoyés vers une autre région du cerveau, appelée insula. Celle-ci s’active non seulement lorsqu’on est touché, mais aussi lorsqu’on imagine ou anticipe un contact. L’insula est essentielle pour notre perception interne du corps et participe à la régulation des émotions et la perception de la douleur, en lien avec d’autres régions comme l’amygdale et le cortex cingulaire.
L’amygdale
Vous avez sûrement entendu dire que l’on a dans le cerveau un centre des émotions, l’amygdale. L’amygdale est une petite structure en forme d’amande située au milieu du cerveau, du côté gauche et droit. On les retrouve impliquées dans le ressenti des émotions. Lorsque l’on ressent des émotions intenses, comme la peur ou la joie, c’est l’amygdale qui entre en jeu en premier pour ressentir ces émotions !
Les bienfaits du massage
Le massage agit également sur notre attention et notre perception de notre propre corps, ce qui renforce notre conscience corporelle. Cette prise de conscience est particulièrement bénéfique pour les personnes qui ont une perception de leur corps troublée, comme cela peut être le cas pour certains troubles de l’image corporelle.
Il contribue aussi à réduire le stress, à améliorer l’humeur et à faciliter l’acceptation des soins potentiellement douloureux. Ces bienfaits font du massage une véritable thérapie de reconnexion au corps, propice à la détente et à la récupération.
En bref, derrière le geste du massage, il se cache tout un processus biologique qui aide le corps à se sentir mieux et à relâcher les tensions.
A retenir :
- Notre corps, de la peau au cerveau, possède un traitement différencié des informations tactiles :
- d’une part l’information tactile
- d’autre part si on l’apprécie – ou non.
- L’appréciation est envoyé à l’insula, connecté avec l’amygdale qui est connu comme le centre des émotions
Sources :
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