Stress, émotions et somatisation|quand le mental parle à travers le corps

Le corps humain a une capacité fascinante à exprimer les impacts du stress et des émotions, qu’ils soient positifs ou négatifs. Mais que se passe-t-il lorsque ces impacts se traduisent par des maux de dos, des douleurs abdominales, des troubles cutanés ou même une perte de cheveux ? Ces manifestations corporelles soulèvent souvent des questions complexes. Explorons les liens entre nos émotions, notre physiologie et notre santé.

Sommaire :
La somatisation : une expression corporelle du stress
La recherche | Quand les émotions pèsent sur le cœur
Apprivoiser ses émotions : un pas vers la santé
L’art de lâcher prise
Favoriser la résilience émotionnelle
Un rôle clé dans le processus de mieux-être

La somatisation : une expression corporelle du stress

Les troubles psychosomatiques désignent des symptômes physiques réels, mais qui ne trouvent pas d’explication médicale claire et ont pour origine des facteurs psychiques. Ces manifestations ne sont ni imaginaires ni simulées. En médecine, on estime qu’environ un tiers des symptômes somatiques sont médicalement inexpliqués, soulignant la fréquence de ces troubles.

Historiquement regroupés sous des termes tels que « hystérie » ou « somatisation », ces troubles incluent différentes expressions :

  • Somatisation : symptômes physiques variés sans cause médicale identifiée. Par exemple, des douleurs dorsales sans qu’aucunes causes physiques ne soient retrouvées.
  • Hypochondrie : peur persistante d’une maladie grave.
  • Douleur psychogène : douleur amplifiée ou maintenue par des facteurs psychiques.
  • Conversion : symptômes neurologiques inexpliqués liés à un stress ou conflit psychologique. Par exemple, une cécité qui n’a aucune explication au niveau cérébral.

Contrairement aux idées reçues, la somatisation ne traduit pas un langage mystique du corps, mais plutôt l’impact direct du stress sur l’organisme. Par exemple, le stress peut déclencher des troubles digestifs via des réactions inflammatoires, aggraver des problèmes de peau comme l’eczéma ou ralentir la cicatrisation. 

Certains chercheurs expliquent le lien entre la peau et le cerveau par leur origine embryonnaire commune : tous deux se développent à partir de l’ectoderme. Cette origine partagée, selon eux, pourrait permettre une forme de « communication » moléculaire entre ces deux structures, influençant la manière dont le stress se manifeste dans le corps.

La recherche | Quand les émotions pèsent sur le cœur

Le stress chronique et les émotions négatives prolongées augmentent le risque cardiovasculaire. Des recherches, comme celles du Centre de santé cardiovasculaire de Columbia, ont démontré que les émotions positives – joie, contentement, optimisme – jouent un rôle protecteur.

  • Les personnes ayant un niveau élevé d’affect positif réduisent leur risque de maladies cardiovasculaires de 22 % par rapport à celles ayant un niveau moyen.
  • Ces émotions agissent comme un « amortisseur », permettant un retour plus rapide au calme après un stress ponctuel.

Barbara Fredrickson, chercheuse en psychologie, a illustré cet effet par une expérience où les participants exposés à des vidéos joyeuses retrouvaient une fréquence cardiaque normale bien plus rapidement que ceux ayant visionné des contenus tristes.

Apprivoiser ses émotions : un pas vers la santé

Une clé pour limiter les impacts toxiques du stress est de prendre conscience de ses émotions négatives. Cela peut sembler simple, mais il y a une différence entre ressentir une émotion (comme la colère) et la reconnaître consciemment (« Je suis en colère »).

Des outils peuvent aider :

  1. Méditation de pleine conscience : Entraîne l’attention à détecter les émotions dès leur apparition.
  2. Techniques de relaxation : La respiration profonde et la relaxation musculaire aident à réduire la tension.
  3. Activités plaisantes : Écouter de la musique, sortir avec des amis ou simplement rire.

L’art de lâcher prise

Contrairement à une croyance répandue, « purger » ses émotions négatives par des gestes explosifs (comme frapper un objet pour se calmer) peut en fait augmenter l’intensité de ces émotions. Il est plus efficace d’exprimer sa colère de manière mesurée, voire d’en relativiser l’importance.

Adopter une perspective d’humour ou de détachement aide à dissiper les ressentis négatifs. En reconnaissant que les émotions, comme des vagues, vont et viennent, on peut éviter qu’elles ne s’installent durablement dans le corps.

Favoriser la résilience émotionnelle

Les émotions positives ne se résument pas à une simple attitude : elles sont un véritable rempart pour la santé. En encourageant leur émergence, que ce soit par des interactions sociales, des moments de gratitude ou des pratiques comme le massage, on protège son corps des effets délétères du stress.

Ainsi, en apprenant à reconnaître et à transformer nos émotions, nous offrons à notre corps une véritable bouffée d’oxygène. Parce qu’en fin de compte, bien-être psychologique et santé physique sont indissociables.

Un rôle clé dans le processus de mieux-être

La massothérapie, en tant que pratique corporelle, offre un espace unique pour les personnes souffrant de troubles psychosomatiques. Elle peut aider à rétablir le lien entre le corps et l’esprit, souvent altéré par la souffrance, et à redonner confiance dans les sensations corporelles.

En comprenant les bases de ces troubles et en adoptant une posture bienveillante et respectueuse, vous devenez un acteur essentiel du mieux-être de vos clients, tout en respectant les limites de votre pratique. Ainsi, chaque séance devient une opportunité d’accompagner avec douceur et humanité les personnes dans leur quête d’équilibre intérieur.


A retenir : 

  • Les troubles psychosomatiques se traduisent par des symptômes physiques réels sans cause médicale identifiable, souvent déclenchés par le stress. Ex : douleurs, troubles digestifs, cutanés ou neurologiques. Le stress influence le corps via des mécanismes inflammatoires et une origine embryologique commune entre la peau et le cerveau.
  • Les émotions négatives chroniques augmentent le risque cardiovasculaire, tandis que les émotions positives, comme la joie ou l’optimisme, agissent comme un facteur protecteur.
  • Reconnaître consciemment ses émotions est essentiel pour limiter leurs impacts physiques. Techniques efficaces : méditation de pleine conscience, relaxation, activités plaisantes et expression mesurée des émotions (plutôt qu’explosive).
  • La massothérapie aide à rétablir le lien entre corps et esprit, souvent perturbé par le stress. Elle offre un espace bienveillant favorisant l’équilibre intérieur et complète une démarche globale de mieux-être.

Sources : 

  • Alfvén G, Andersson E. Stress and recurrent abdominal pain. Acta Paediatr. 2023 Nov;112(11):2312-2316. doi: 10.1111/apa.16946. Epub 2023 Aug 18. PMID: 37565357.
  • Tison, P. (2023) . 26. Les troubles psychosomatiques. Aide-Mémoire – Psychologie du vieillissement en 40 notions. ( p. 195 -201 ). Dunod. https://shs.cairn.info/psychologie-du-vieillissement-en-40-notions–9782100854837-page-195?lang=fr.
  • Fredrickson, B. L., Mancuso, R. A., Branigan, C., & Tugade, M. M. (2000). The undoing effect of positive emotions. Motivation and Emotion, 24(4), 237–258. https://doi.org/10.1023/a:1010796329158
  • Davidson, K. W., Mostofsky, E., & Whang, W. (2010). Don’t worry, be happy: positive affect and reduced 10-year incident coronary heart disease: The Canadian Nova Scotia Health Survey. European Heart Journal, 31(9), 1065–1070. https://doi.org/10.1093/eurheartj/ehp603
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